Les matins d'hiver sont les plus doux. L'épaisse couche de nuage gris semble nous protéger des rayons sournois du Soleil. Cette douceur lumineuse nous apaise ou plutôt nous engourdit. Au matin la tentation est grande de se réfugier au fond de son lit, de laisser bourdonner la radio pour s'assurer que l'on est réveillé et de vivre cette drôle de gourmandise. Le mieux est encore de se rendormir, de rêver et alors notre conscience se révèle assez forte, sans toute fois être envahissante, pour diriger le rêve. Un rêve dirigé ne se finit jamais car au réveil vous le continuerez; l'imagination de ces matins enivre. Mais lorsque l'on sait que ce moment n'aura pas lieu car en bas la routine nous appelle, se réveiller devient une torture pour l'ensemble du corps et de l'esprit. Il n'y a pas de moment dans une journée ou l'esprit et le corps semblent plus liés. Réveillez-vous tôt les matins ou le réveil n'est pas nécessaire et savourer ce moment trop longtemps refusé. Ces journées semblent appartenir à une autre vie. Et lorsque les rayons du soleil parviendront enfin à transpercer le toit nuageux de votre repos, couler su eux et lever vous; que cette lumière vous réchauffe, vous brûle même, à des parties du corps alors qu'à d'autres vous grelottez. Voilà comment commencer une grise journée d'hiver.

Les matins de printemps sont les plus frais. Une légère brise semble souffler autour de vous tandis que les rayons de lumière forment un fleuve impétueux sur votre corps. Vos épaules devenant des récifs, vos hanches des plages, et votre bouche celle de la mer; ouvrez la et buvez donc cette lumière. Ces rayons seront l'essence de l'énergie de votre journée. Levez vous, courez, ne faites plus rien doucement, vivez, soyez vif sans être brusque, perçant sans être tranchant. Respirez cette atmosphère, ouvrez vos yeux, vos poumons au grand extérieur. Baillez aussi fort que vous le pouvez. Soyez frais, faites des choses fraîches. Et une fois épuisé allez vous reposez, dormez. Le printemps est vivant, c'est une saison qui envoûte la vie.

Les matins d'été sont les plus sauvages. Domptez-les, battez-vous. L'été est un fauve avec qui il faut lutter. L'engourdissement c'est la défaite. Soyez vous aussi sauvage. Hurlez, dévorez ne mangez plus. Échappez à la lumière, réfugiez vous dans les ombres et attendez que la lumière vous oublie pour bondir sur elle et la dompter ! Le Soleil sera furieux, implacable dans sa vengeance, baissez les yeux mais riez. Entendez l'été, son rythme, ses sons si particuliers. Même sans vie l'été a une odeur, une mélodie. N'oubliez pas qu'il ne se cache jamais...

les matins d'automne sont les plus humains. Ils grandissent, ont une enfance, une adolescence, une maturité et une vieillesse. Ils sont tout entier mouvement. Allez, levez-vous, au travail, à l'action. Pas de paresse, allez-y, ne traînez pas. Ces matins vous poussent. Le vent est pressé, étendez vos bras, devenez son instrument. Ces matins sont des trajets, ils ne durent pas mais se vivent au dehors. Ne restez pas en dehors du temps et accompagnez l'automne dans sa course. Laissez les marrons et les feuilles tomber car c'est l'heure d'un nouvel ordre. L'automne n'aime pas le passé, les nostalgiques et les regrets; il entraîne ceux qui vont de l'avant mais avec lui ne vous retournez jamais: derrière ne sont que souvenirs déchirés, effrités....